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Dans les pas de Molière, jusqu’en haut du podium 2/3

Lecture de Mona à la Comédie-Française lors de la Grande finale 2025. ©Frédéric Berthet.

Découvrir l’article qui vous immerge au cœur de la Grande finale 2025 1/3

On avait laissé nos petits champions et championnes sur cette interrogation existentielle : « Quand est-ce qu’on mange ? » C’est désormais chose faite, et après les carottes à la marocaine (qui en ont laissé plus d’un perplexe) et les lasagnes (bolognaise ou ricotta-épinard pour convenir au plus grand nombre), le moment est venu pour les adultes de prendre un café, et pour les plus jeunes de tester leur regard manga afin de tenter d’obtenir une deuxième mousse au chocolat. Quand soudain, tout s’accélère…

Coup sur coup, l’arrivée de Joan Faggianelli, l’animateur de la chaîne Gulli, suivie de l’annonce un brin exaltée que « ça y est, ils font rentrer le public !» font monter l’excitation au niveau de la cote d’alerte. D’autant que le bruit court d’une possible visite ministérielle… Très pros, les enfants se préparent à suivre les organisatrices jusqu’à la désormais familière Loge n°1, tandis que les parents fébriles descendent distribuer les entrées à leurs invités avant de rejoindre leurs fauteuils.

Place aux choses sérieuses

Salle Richelieu, l’ambiance a changé du tout au tout depuis le tour de chauffe de ce matin. La salle s’est remplie littéralement du sol au plafond, le moindre espace libre étant occupé par une caméra, un enregistreur ou une influenceuse en train d’attiser l’attention de ses followers pour l’événement qui va suivre (« Et surtout n’oublie pas le pouce et la cloche si tu aimes ce que tu vois ! ») Aux balcons et jusqu’au poulailler, l’ambiance est déjà torride : pas moins de 13 classes sont venues encourager leurs champions, secouant de leurs encouragements la Comédie-Française et son atmosphère habituellement plus compassée.

Déjà, les huit premiers candidats, escortés de leur auteur ou de leur autrice, prennent place sur le plateau dans l’ordre de leur passage. Ils sont accueillis par Christophe Barbier, costume gris et iconique écharpe rouge. Animateur en titre de l’événement depuis la toute première édition, sa la verve complice et érudite fait merveille pour mettre à l’aise et en valeur les jeunes vedettes à l’honneur.

 

Grands chiffres, gros mot, et enfant au plafond

Mais que serait une cérémonie officielle sans discours ? Place donc à Antoine Gallimard, président des Petits champions de la lecture, qui rappelle les chiffres de l’exceptionnelle réussite de cette 13e édition ; à Clémentine Beauvais, autrice marraine de l’édition qui régale l’auditoire d’une pseudo-anecdote de son cru où les enfants marchent au plafond des TGV ; et à l’administrateur général de la Comédie-Française Éric Ruf, qui enthousiasme les enfants du public en les invitant à crier le mot de Cambronne à l’attention de leurs camarades sur le plateau, non sans leur avoir par avance expliqué l’origine de cette tradition.

 

« Lire à voix haute, c’est déjà du théâtre »

Et c’est le moment pour la première lectrice de s’avancer jusqu’au micro, présentée par Christophe Barbier qui aura soin d’accueillir chacun et chacune par une citation ou une anecdote théâtrale en rapport avec son texte. D’Armelle à Suzie, petites championnes et petits champions se succèderont par ordre alphabétique. Un arbitraire qui en vaut un autre, dont les jurés montreront qu’ils savent tenir compte pour pallier l’inconfort de passer en premier ou la fatigue d’attendre longtemps son tour.

Impossible, bien sûr, de résumer en quelques lignes deux heures de spectacle, car ce fut un grand et beau spectacle. Ni de mettre en avant les qualités de la prestation d’une telle, la touchante fragilité d’un autre, l’aplomb d’un troisième… D’autant que la variété des textes et des talents fait chavirer la salle du rire à l’émotion, de la poésie à l’urgence : « la lecture à voix haute, c’est déjà du théâtre », comme l’avait rappelé très justement Éric Ruf dans son introduction.

 

Carré VIP

À la mi-temps, la rumeur du déjeuner trouve confirmation. À la suite de Mme Vassiliki Driancourt, directrice générale adjointe de l’AEFE dont un élève représentant le Monde est pour la 1ère fois en finale, Mme la Ministre de la Culture Rachida Dati et Mme Elisabeth Borne, Ministre d’État, Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, font aux enfants l’honneur de prononcer quelques mots sincères pour encourager la lecture à voix haute, et particulièrement en famille, comme pratique propice à partager le savoir.

Et le spectacle reprend, sans lassitude perceptible ni de la part des lectrices et lecteurs, ni de celle du public sous le charme. Car chaque nouveau candidat qui s’avance, c’est tout un univers qui prend forme pendant trois petites minutes : un nouveau visage, une nouvelle silhouette, un texte avec ses séductions et ses écueils, une voix, un timbre, un débit, une personnalité…

 

Songe d’une après-midi d’été

Et quelle ferveur, quelle confiance chez toutes et tous ! Quelle maturité et quel aplomb chez telle candidate qui se trouve être à la fois la plus jeune et la plus petite de la troupe ! Quelle sensibilité et quelle retenue dans l’évocation des thèmes les plus graves ! Quel humour pour gagner les rires du public au détriment des accros aux réseaux sociaux ! Et aussi tant d’élégance juvénile, en baskets comme en sandales, en short comme en (extraordinaire) jupe longue, en t-shirt comme en gilet de costume, en coiffure à la garçonne avec ou sans créoles comme avec des nattes de jeune fille sage…

Une longue après-midi d’été vient de passer comme un songe dans la confortable obscurité de la Comédie-Française. Déjà tout se mêle en un seul souvenir d’une belle fête de la jeunesse qui lit et aime le partager. Mais le rideau doit tomber pour laisser le jury se retirer pour délibérer…

 

▶️Retrouvez le replay de la Grande finale 2025 des Petits champions de la lecture

Patrick Gloux pour les Petits champions de la lecture


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